Valeurs de l'entreprise libérée

L’entreprise libérée c’est quoi ?

Une entreprise libérée, c’est une autre manière d’appréhender l’entreprise et de faire évoluer tant l’environnement de travail que les pratiques de management en remettant l’humain au centre. Et c’est… une vraie démarche de conduite du changement !

Nous l’avons vu ces dernières années avec les aspirations accrues d’autonomie, de latitude décisionnelle ou de sens du travail, la Société est en perpétuelle mouvance. Les entreprises ont donc pour défi de s’inscrire positivement dans celle-ci en se libérant des codes habituels. 

En raison de ce contexte sociétal, la question de performance des entreprises est, elle aussi, mise à l’épreuve. Pour envisager une compétitivité durable, les entreprises ont besoin de salariés engagés et investis. Il est vrai que ce sont les collaborateurs eux-mêmes qui constituent le coeur de l’entreprise et garantissent son bon fonctionnement !

La notion d’entreprise libérée se soucie donc de la qualité de vie et des conditions de travail des salariés, tout en stimulant leur engagement et leur investissement dans la vie de l’organisation. 

De fil en aiguille, le schéma de l’entreprise libérée est aussi une manière de faire émerger et  d’accomplir la raison d’être profonde de l’entreprise, ou encore sa contribution sociétale !

Envie de mettre en place une organisation en entreprise libérée ?

Définition de l’entreprise libérée

Le terme « entreprise libérée » est apparu chez l’auteur américain Tom Peters, spécialiste du management, dans son ouvrage publié en 1995 : « Libération du Management ».

Puis cette notion a pris son essor en 2009 dans les travaux d’Isaac Getz et son livre « Liberté et Compagnie », paru en 2012. Un véritable engouement est alors observé, en particulier après la diffusion du documentaire « Le bonheur au travail » en 2015 sur ARTE, se faisant l’echo d’expériences menées en entreprises !

D’après Isaac Getz, une entreprise libérée se définit avant tout par sa fonction et non par un modèle déjà existant et pré-établi. Chaque entreprise avec ses collaborateurs qui la composent est unique !  Une entreprise est ainsi dite libérée « lorsque la majorité des salariés disposent de la liberté et de l’entière responsabilité d’entreprendre toute action qu’eux-mêmes estiment comme étant la meilleure pour la vision de l’entreprise »  

Dans une entreprise libérée, il s’agit de construire de « nouvelles » pratiques managériales. Fini le hiérarchique, place au collaboratif ! Ce cadre managérial permet aux salariés de se sentir libres et de prendre plus d’initiatives mais aussi, et c’est un point essentiel (!), d’améliorer leur prise de responsabilité. 

On passe du “COMMENT”, impliquant planification & contrôle, au “POURQUOI” assurant liberté et responsabilité des parties prenantes.

Après tout, qui mieux que le salarié sait organiser son travail et proposer des ajustements pertinents ?

L’entreprise libérée aboutit à briser les codes managériaux dits « habituels » pour s’inscrire dans plus de souplesse et dans une innovation perpétuelle. Terminés la surveillance, les procédures, les contrôles ou encore la  hiérarchie pyramidale ordinaire. 

Les collaborateurs d’une telle entreprise gagnent donc en autonomie, en intelligence collective et en créativité.

L’entreprise libérée est-elle la réponse au bonheur au travail ?

La question est clairement posée en tout cas !

Le but est que les salariés trouvent du sens dans leurs différentes missions. La quête de sens au travail répond à des besoins psychologiques humains primordiaux c’est-à-dire : 

  • la capacité de remise en question et de proposer des solutions à des problèmes,
  • le développement personnel.

Chaque être humain a un potentiel qu’il n’a pas exploré ou développé. Si l’entreprise crée un environnement propice pour répondre à ces besoins, alors le salarié pourra évoluer professionnellement. Chaque membre pourra ainsi développer ses compétences, s’engager dans la vie de l’entreprise, être innovant, agile et opérationnel, etc.

Cela rejoint très clairement la notion d’empowerment, ou pouvoir d’agir, qui nous est si cher en facilitation et en intelligence collective !

L’entreprise libérée : comment ça marche ?

Une entreprise libérée implique-t-elle une gouvernance précise ? 

La philosophie de l’entreprise libérée c’est avant tout une vision d’entreprise exaltante que chaque collaborateur peut s’approprier. Il n’existe pas de gouvernance précise sur laquelle une entreprise libérée peut fonctionner. Chaque entreprise peut garder sa gouvernance en ayant recours à quelques ajustements, pour autant que soit encouragé ce fameux caractère participatif

Un certain nombre d’entreprises libérées fonctionnent dans le cadre de la sociocratie ou encore de l’holacratie, qui est une méthode de management agile.  Il s’agit d’un système de gouvernance innovant qui conduit une entreprise à se détacher d’une structure hiérarchique et pyramidale habituelle.

Si ce sujet vous intéresse, nous vous invitons à lire attentivement notre article de blog sur ce sujet : Qu’est-ce que l’holacratie ?

Comment devenir une entreprise libérée ?

Pour mettre en place un système d’entreprise libérée, certaines actions sont primordiales. L’installation d’une entreprise libérée demande de l’ouverture d’esprit et une remise en question des modes de management habituels. Et, potentiellement, le dirigeant lui -même va ré-interroger ses pratiques et devenir un “leader libérateur”...

Mais pour autant, il n’y a pas de modèle unique et de recette toute faite : c’est la culture de l’entreprise en question et la réunion de certains ingrédients incontournables qui feront la différence.

S’intéresser aux besoins des salariés : physiologiques et psychologiques

Dans le cadre d’une entreprise libérée, les collaborateurs et leurs conditions de travail sont mis au cœur de la stratégie et de la vision de l’entreprise. Pour cela, il est essentiel de s’intéresser aux collaborateurs en tant qu’individus à part entière mais aussi à leurs besoins d’êtres humains.

Donner du sens et partager une vision

Une des clés de réussite de cette organisation de travail est de donner un sens à la fonction même de l’entreprise et dans ce cas échéant, donner du sens aux missions des collaborateurs. Être une entreprise libérée équivaut à partager une même vision de l’entreprise. 

Une entreprise libérée répond à la quête de sens, préoccupation actuelle des salariés. La construction d’une vision partagée augmente aussi le sentiment d’appartenance.

Réduire la surveillance et les process contre-productifs au bénéfice de l’autonomie

La surveillance et le contrôle sont des actions encore très souvent exercées par les managers dans les entreprises actuelles. Ces pratiques sont malheureusement souvent contre-productives et démotivantes pour le salarié. 

Il convient donc de limiter ce genre de pratique et de favoriser, par exemple, l’autonomie des collaborateurs. Instaurer une relation de confiance est source de productivité et de performance. Pour cela, nous préconisons bien souvent l’adoption d’une méthode de management plus agile et plus souple, en fonction du contexte bien entendu. 

L’écoute : la clé de réussite

La réussite de ces actions réside dans le dialogue et l’écoute des collaborateurs. La collaboration des parties prenantes de l’organisation libérée débloque un certain nombre de situations et garantit de belles opportunités professionnelles et humaines. 

Le salarié planifie son travail de manière autonome, sa productivité est décuplée. Ainsi il pourra être force de proposition et apporter des solutions innovantes auxquelles vous n’auriez jamais songé.

Le management bienveillant

Être bienveillant consiste à vouloir faire le bien. Dans ce cas, un manager bienveillant souhaite avant tout le bien-être de ses collaborateurs. Ses comportements reposent essentiellement sur la confiance et la communication.  

Dans une entreprise libérée, le management bienveillant paraît essentiel. Mais comment enclencher ce type de management au sein d’une entreprise ? Le manager doit être en capacité de :

  • donner du sens au travail des collaborateurs, 
  • fixer des objectifs ambitieux et réalisables (objectifs SMART),
  • exprimer sa gratitude envers les collaborateurs,
  • permettre l’autonomie et la créativité,
  • être juste et montrer l’exemple,
  • faire preuve de « rédemption ».

En conclusion, l’entreprise libérée c’est avant tout une vision partagée de l’entreprise ! 

Ce type d’entreprise arrive de plus en plus à prouver leurs bons résultats. Elles détiennent une haute performance qui s’inscrit dans le temps et ce dans n’importe quels secteurs d’activité. 

Les atouts et les avantages de l’entreprise libérée

L’atout majeur est d’encourager engagement, fidélisation et motivation des salariés.

Et il est vrai que le besoin est immense en la matière ! Selon la dernière étude Gallup State of the Global Workplace Report 2022,  seuls 14% de salariés Européens seraient dits « engagés ». Et… ce chiffre chute à 6% s’agissant des salariés Français !

Isaac GETZ avançait déjà que le salarié engagé est 

  • 2 fois moins malade, 
  • 6 fois moins absent,
  • 55% plus créatif,
  • 9 fois plus loyal.

Il est vrai que les conséquences des risques psychosociaux en entreprise (les fameux “RPS” qui donnent tant de frissons aux DRH) pèsent sur la santé physique et mentale des salariés. Ils ont clairement un impact sur le fonctionnement de votre entreprise et peuvent nuire à son bon fonctionnement (absentéisme, turnover, ambiance de travail…).

Pour la France, le coût social du stress au travail est évalué entre 1,9 et 3 milliards d’euros. Cette estimation faite par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) il y a quelques années  comprend à la fois le coût des soins et la perte de richesse pour cause d’absentéisme, de cessation prématurée d’activité et de décès prématuré… 

Tout un programme réjouissant donc, contre lequel nous avons intérêt à lutter !

La performance des entreprises ayant mis en place une organisation libérée est également présentée comme étant décuplée, et résiliente.

Ça laisse rêveur ?

Peut-être que le tableau n’est pas tout rose non plus ?

Les limites de l’entreprise libérée

Les dérives portant sur le concept de l’entreprise libérée ont elles aussi été pointées du doigt ces dernières années… La première interrogation soulevée est toute simple : s’agit-il juste d’un effet de mode ? Les critiques à l’encontre de l’organisation “taylorienne” ne sont (il est vrai) pas nouvelles et ne datent pas de la parution de l’entreprise libérée.

Rares sont par ailleurs les entreprises qui se sont engagées dans cette voie et il serait donc difficile d’en tirer les leçons à grande échelle.

Une voix discordante s’est particulièrement faite entendre pour remettre en question l’engouement suscité par l’entreprise libérée, celle de François GEUZE : s’agirait-il en fait d’une nouvelle forme d’asservissement, consenti par le salarié lui-même ? Niveaux de salaires auto déterminés plus bas, temps de travail importants… 

Autre élément dissonant dans ce beau paysage, la possible prise de pouvoir par des salariés aux forts caractères, n’hésitant pas à s’imposer plus largement, au détriment de leurs collègues. 

De même, cette forme de “liberté responsabilisante” ne conviendrait pas à n’importe quel type de salarié… Certains préfèreraient alors quitter le navire pour rejoindre une structure dans laquelle le cap à suivre est plus clairement posé par un N+1. 

Les freins à l’entreprise libérée

Comme vous l’aurez compris, pour mettre en place une entreprise libérée, il faut réunir un certain nombre d’ingrédients indispensables. Citons-en quelques-uns : 

  • la confiance & la capacité d’écoute des dirigeants
  • une certaine forme de liberté des salariés, source de motivation et de créativité
  • une responsabilisation de chacun
  • un partage d’informations qui permettront justement de prendre des décisions éclairées
  • des valeurs communes
  • l’adhésion à la culture d’entreprise
  • la disparition de la hiérarchie, du contrôle ou encore des horaires imposés
  • un certain état d’esprit impliquant des salariés soucieux de leurs collègues, de leur entreprise et du client
  • la possibilité, pour les salariés, de prendre des décisions qui les concernent.

Il n’est donc pas envisageable de déployer cette voie dans tout type d’organisation ! Du moins, pas immédiatement…

Un accompagnement au repositionnement des managers eux-mêmes peut ainsi être nécessaire. Ou encore un travail de fond sur les valeurs de l’entreprise (confiance ?) et sur sa culture ou encore sa vision

Le tout, sans baguette magique sortie tout droit du chapeau, soyons clairs !

Isaac GETZ indique que ce genre de démarche ne fonctionne que dans la mesure où les salariés se considèrent “intrinsèquement égaux, sans hiérarchie, ni titres, ni privilèges et qu’on les laisse se motiver eux-mêmes”.

Les prérequis sont donc indispensables avant de se lancer.

Au final, l’exploration de retours d’expériences variés vous permettra assurément d’y voir plus clair !

Pour vous permettre de vous lancer savamment dans votre phase exploratoire, nous vous conseillons quelques livres :

“Liberté et Compagnie” d’Isaac Getz et Brian M. Carney

Et…notre chouchou (on est fans, on avoue ) : “Reinventing Organizations : vers des communautés de travail inspirées ” de Frédéric LALOUX (que vous pouvez aussi écouter en ligne !) 

Pas d’avis tout fait, une large exploration, plusieurs pistes envisageables et voies des possibles…

 

Et au final, comment mettre en place ce type d’organisation dans votre entreprise ? 

Si vous souhaitez vous lancer, INNOV RH peut vous aider à redéfinir votre stratégie d’entreprise aussi bien sur le plan managérial que sur votre identité d’entreprise !

Il y aura sans doute des étapes, des réflexions, des maturations mais… nous vous accompagnerons, en mobilisant l’intelligence collective au sein de votre organisation !

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(article mis à jour le 01/02/23)